12/01/2025

Études de sage-femme : un cursus bouleversé par la réforme R2C ?

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Vous êtes encore en liste d’attente PASS Parcoursup ? Vous avez un bon classement, mais toujours pas d’admission ? Rassurez-vous : en médecine, la majorité des places se libèrent après le 2 juin. Encore faut-il comprendre pourquoi… et comment s’adapter.

 

 

Sage-femme : un métier médical à part entière, trop souvent mal connu

Contrairement aux idées reçues, le métier de sage-femme ne se limite pas à l’accouchement. Depuis 1982, les sages-femmes bénéficient d’un statut médical, avec des compétences qui s’étendent bien au-delà de la salle de naissance. Suivi de grossesse, échographies, prescription de contraceptifs, consultation gynécologique, dépistage… la profession est à la croisée des chemins entre technicité, prévention et accompagnement.

La formation est exigeante, sélective, et attire de plus en plus d’étudiants. Pourtant, elle reste parfois méconnue, y compris parmi les lycéens intéressés par les études de santé. Cette visibilité incomplète contribue à l’idée d’une filière « à part », moins mise en avant que médecine ou pharmacie, alors qu’elle répond à un besoin de santé publique fondamental.

 

Le cursus de maïeutique avant la réforme R2C

Avant l’entrée en vigueur de la réforme R2C, le parcours type pour devenir sage-femme comprenait cinq années d’études : une première année via le PASS ou la LAS, suivie de quatre années en école de maïeutique.

Le programme de ces quatre années combinait cours théoriques, stages pratiques, travaux dirigés et examens spécifiques. Ce modèle, bien que fonctionnel, était déjà sous tension : certains stages étaient difficilement accessibles, les promotions souvent surchargées, et les modalités d’évaluation variaient fortement d’un établissement à l’autre.

Par ailleurs, contrairement aux étudiants en médecine, les étudiants en maïeutique ne passaient pas le concours de l’internat. Leur formation, bien qu’universitaire et professionnalisante, s’achevait sans la perspective d’une spécialisation. Ce cadre, relativement autonome, est aujourd’hui profondément redéfini.

La réforme R2C

La Réforme du Deuxième Cycle (R2C) constitue une refonte majeure des études de santé. Mise en place progressivement depuis 2021, elle vise à professionnaliser les cursus, à valoriser l’évaluation par compétences, et à harmoniser les formations à l’échelle nationale.

Initialement pensée pour les étudiants en médecine, la réforme tend aujourd’hui à s’étendre à d’autres filières, comme la pharmacie, l’odontologie… et, dans une certaine mesure, la maïeutique. Ses modalités d’application varient selon les établissements, et suscitent encore de nombreux questionnements quant à leur pertinence et leur mise en œuvre concrète.

Les grandes nouveautés imposées aux études de sage-femme

Depuis 2023, les écoles de sages-femmes sont progressivement amenées à faire évoluer leur formation dans l’esprit de la réforme R2C. Si les modalités précises varient selon les établissements, plusieurs tendances fortes se dessinent.

Les maquettes pédagogiques tendent à s’harmoniser avec celles des autres filières de santé, en particulier la médecine, avec l’introduction d’unités d’enseignement communes ou très proches. L’évaluation par compétences prend une place centrale, souvent articulée autour d’un portfolio individuel qui accompagne l’étudiante tout au long de sa formation.

Le nombre de stages augmente, reflétant une volonté de professionnalisation accrue — mais cette intensification se heurte parfois à un manque de moyens logistiques ou humains. Le calendrier universitaire, lui aussi, se rapproche progressivement de celui du deuxième cycle médical, au risque de désynchroniser certains repères pédagogiques propres à la maïeutique.

Par ailleurs, les étudiantes doivent désormais intégrer des contenus parfois éloignés de leur champ clinique direct, comme la sémiologie générale, les outils de raisonnement médical ou certains éléments de méthodologie scientifique. Une double exigence — maintenir les savoirs spécifiques du métier tout en absorbant des connaissances plus transversales — qui fait naître un certain malaise sur le terrain.

Une réforme pensée pour la médecine… appliquée aux sages-femmes : les points de tension

L’une des principales critiques émises par les étudiants comme par les enseignants concerne la transposition mécanique d’un modèle médical à une formation différente par nature. Si certaines compétences sont effectivement transversales (communication, raisonnement clinique), d’autres relèvent d’une logique propre à la pratique maïeutique.

Plusieurs points de tension sont aujourd’hui identifiés :

  • Des disparités territoriales fortes, avec des écoles qui appliquent la réforme à des rythmes très inégaux.
  • Un volume horaire théorique démesuré, difficile à intégrer avec les stages et la vie personnelle ;
  • Des contenus peu pertinents pour l’exercice réel du métier (ex : pathologies rares, spécialités hospitalières hors champ obstétrical) ;
  • Une identité professionnelle fragilisée, par l’imposition d’un cadre de formation peu adapté.

Des inquiétudes croissantes chez les étudiant(e)s en maïeutique

Depuis deux ans, les témoignages se multiplient : fatigue chronique, perte de sens, sentiment d’abandon. Dans plusieurs villes (Paris, Bordeaux, Nantes, Strasbourg…), des mouvements de protestation ont été organisés par les étudiants en maïeutique. Certains dénoncent une réforme imposée sans concertation, d’autres une formation devenue « invivable ».

Les taux de décrochage ont progressé dans certaines écoles. L’absence de statut d’interne – contrairement aux étudiants en médecine – accentue le sentiment d’injustice. Les enjeux de santé mentale sont désormais au cœur des préoccupations : burn-out, stress chronique, anxiété de performance.

Quelles conséquences pour les lycéen(ne)s qui visent maïeutique ?

Ces évolutions ont une conséquence directe sur l’amont du parcours : l’entrée en études de santé devient plus sélective et plus exigeante. Un lycéen qui souhaite devenir sage-femme doit, dès la Première, viser un excellent niveau académique, en particulier en sciences, tout en se préparant à une pédagogie nouvelle, fondée sur l’autonomie, la rigueur et l’endurance.

Le choix entre PASS et LAS doit être stratégique, en tenant compte de sa capacité à encaisser la charge de travail, mais aussi de la mineure choisie (en LAS), qui doit rester cohérente avec le projet maïeutique.

Enfin, il devient impératif de comprendre les attendus du cycle maïeutique dès le lycée, pour ne pas tomber des nues en deuxième ou troisième année. Beaucoup d’étudiants regrettent aujourd’hui d’avoir « idéalement » choisi ce métier, sans mesurer la réalité du quotidien ni celle du nouveau cursus.

Comment Diploma Santé s’engage pour les étudiant(e)s en maïeutique

Chez Diploma Santé, nous accompagnons chaque année des dizaines d’étudiant(e)s qui visent le métier de sage-femme. Et nous savons à quel point ce projet exige un niveau d’exigence croissant, bien souvent sous-estimé par les lycéens et leurs familles.

C’est pourquoi nous avons conçu :

  • Une prépa Terminale Santé pour anticiper le programme de médecine dès la Terminale ;
  • Une prépa PASS/LAS ciblée sur les attendus des facultés de santé franciliennes ;
  • Un suivi pédagogique individualisé, capable de s’adapter aux projets spécifiques comme celui de maïeutique.
  • Plus que jamais, dans un contexte instable et mouvant, l’accompagnement fait la différence.

FAQ – Réforme R2C et études de maïeutique

Qu’est-ce que la réforme R2C dans les études de sage-femme ?

L
K

La réforme R2C (Réforme du Deuxième Cycle) ambitionne de professionnaliser davantage les études de santé, en mettant l’accent sur l’évaluation des compétences, la cohérence pédagogique et l’harmonisation des formations entre filières. Si elle a été conçue à l’origine pour les étudiants en médecine, ses principes sont désormais partiellement étendus aux cursus de maïeutique, avec des ajustements progressifs.

Les sages-femmes doivent-elles passer les mêmes examens que les futurs médecins ?

L
K

Oui, depuis l’application de la réforme R2C, les étudiantes en maïeutique sont soumises aux mêmes types d’épreuves (EDN et ECOS) que les étudiants en médecine, même si certaines adaptations sont prévues selon les universités. Cela alourdit significativement la charge de travail.

Faut-il être bien classé aux EDN pour obtenir médecine générale ?

L
K

La médecine générale reste accessible à un plus grand nombre d’étudiants, car la spécialité est souvent moins demandée que d’autres. Toutefois, le classement aux EDN reste obligatoire pour y accéder, comme pour toutes les spécialités.

Peut-on exercer la médecine générale autrement qu’en cabinet libéral ?

L
K

Oui. De plus en plus de médecins généralistes optent pour des postes salariés (MSP, centres de santé, hôpitaux, mutuelles, structures associatives) ou pour des formes d’exercice mixte. Le modèle évolue rapidement.

Quels sont les avantages de la médecine générale aujourd’hui ?

L
K

C’est une spécialité polyvalente, proche des patients, avec une grande autonomie et la possibilité de s’impliquer localement. Elle permet aussi de développer des projets de santé publique, de prévention ou de coordination de soins.

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